mardi 14 juillet 2015

Ghardaïa/ Pourquoi s’attaquer au Maroc et pas à l’Arabie Saoudite ? Par Abdou Semmar

Ma photo week-end

Qui est derrière les événements dramatiques de Ghardaïa ? “La main étrangère”, répondent unanimement les acteurs politiques algériens pro-pouvoir, même si certains parmi eux s’autoproclament “opposants”. De Louisa Hanoune, éternelle patronne du Parti des travailleurs (PT) qui brandit le complot ourdi de l’étranger depuis des lustres jusqu’à Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, qui a accusé ouvertement un “pays ami”, les informations les plus contradictoires circulent pour désigner ce pays étranger qui veut semer le chaos dans la vallée du M’zab. 

Ce pays que notre Premier ministre qualifie à dessein d’ “ami” et que les officiels, souvent relayés par leurs portes-voix, diabolisent jusqu’à en faire un ennemi de l’Algérie, est bien évidemment le Maroc. Notre voisin de l’ouest, avec lequel l’Algérie entretient une guerre froide depuis des décennies, est accusé de tous les maux. Manipulation d’éléments extrémistes, financement de propagande mensongère, armement de groupuscules radicaux, etc. Il est épinglé sur tous les plans. Ce qu’on ne peut pas lui reprocher officiellement, on le lui met sur le dos de manière officieuse. Souvent à travers des médias privés incitant à la haine et au racisme. C’est le cas de la chaîne Ennahar TV, qui affirme détenir des preuves concrètes certifiant l’implication du Maroc dans le drame qui secoure la Vallée du M’zab, sans pour autant les diffuser!

Mais où sont-elles ces preuves concrètes ? Pour l’heure, ni Ennahar TV ni les autorités algériennes, et à leur tête Abdelmalek Sellal, n’ont fourni la moindre enquête prouvant ces accusations gravissimes. Des accusations qui dédouanent, étrangement, un autre pays dont le rôle controversé dans les événements de Ghardaïa est, pourtant, étayé par de nombreuses indications.

C’est, quand même, en Arabie Saoudite qu’ont été formés de nombreux idéologues salafistes qui prêchent la haine et appellent au meurtre des Ibadites de Ghardaïa. Le jeune Ahmed Seqlab , l’un des leaders cette propagande raciste et violente a ainsi affiché fièrement sur les réseaux sociaux sa carte d’étudiant délivré par un établissement saoudien. Celui qui avait appelé à la guerre contre les “chiites iraniens” de Ghardaïa a parlé sans aucune gêne de son séjour de formation en Arabie Saoudite. Comme de nombreux autres propagandistes et semeurs de chaos, Ahmed Seqlab répétait à longueur de journées, au vu et au su des autorités algériennes, le discours salafiste des officiels saoudiens à l’encontre des “Khawaridj” et autres communautés chiites accusés de servir les intérêts de l’Iran.

L’implication de l’Arabie Saoudite ne s’arrête pas là. Une propagande médiatique appelant à l’extermination des Mozabites a été diffusée  par une télévision saoudienne très suivie en Algérie, la chaîne Iqraa en l’occurrence. En mars 2014, cette télévision, propriété du milliardaire saoudien Cheikh Saleh Kamel, a également diffusé une “fatwa” d’un salafiste algérien du nom de Mohamed Hamen appelant, lui aussi, au meurtre des Ibadites. “La Ilah illa Allah, el-ibadhi ‘aduw Allah !” (les ibadites ennemis de Dieu), tel a été le message très significatif de cette fatwa. Aucune instance officielle algérienne n’avait réagi face à cet appel au meurtre.

A Alger, l’ambassadeur saoudien n’a jamais été inquiété pour ces faits alarmants. Aucune réaction de nos autorités. Il n’a même pas été convoqué par notre ministère des Affaires Etrangères. L’Etat algérien continue de ménager les salafistes saoudiens. Pire, la République continue de dérouler le tapis rouge au Royaume wahhabite. Comme fut le cas en juin 2012 lors de la visite en Algérie du prédicateur saoudien cheikh Haythem Sarhane. Celui-ci était venu pour rappeler aux fidèles algériens que l’islam impose “l’obéissance aux gouvernants”. Le prédicateur a drainé une foule immense à la mosquée El-Atik d’Oum El-Bouaghi, à l’est du pays. Mais, ce fonctionnaire du gouvernement saoudien qui chapeaute la mosquée de Médine n’a pas manqué d’accomplir sa mission première: Celle de propager les idées wahhabites au pays du rite malékite.

Tout le monde l’aura donc compris : Il est plus facile de s’attaquer au Maroc qu’à l’Arabie Saoudite. A notre Ouest immédiat, le royaume chérifien n’abrite pas de Mecque ni des pétrodollars. C’est au lointain Moyen-Orient que se trouve la Kaaba qui auréole ses visiteurs “qui en ont les moyens” du titre de Hadji. Nos dignitaires, du moins certains d’entre eux comme cela a été révélé dernièrement, n‘hésitent pas à quémander le pèlerinage à la Mecque auprès des puissants princes du Golfe. Vraisemblablement, tout un lobby pro-saoudien noyaute les institutions algériennes.

The post Ghardaïa/ Pourquoi s’attaquer au Maroc et pas à l’Arabie Saoudite ? Par Abdou Semmar appeared first on Algérie Focus.



Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source





Source : Algérie Focus
Date : July 14, 2015 at 04:35PM

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire