Un couple de jeunes mariés se disloque sur Internet.
L'homme crie à la trahison et prend à témoin les internautes dans une séquence digne d'un streap tease intégral. Tout y passe. Il dit ce qu'il a décidé de dire, montre ce qu'il veut bien montrer dans l'espoir de placer les pleureuses de son côté, lui ; le pauvre amoureux trahi et éconduit après avoir entrevu le bonheur avec une jeune fille dont il pensait que le hijab valait tous les certificats de bonne conduite et toutes les garanties de l'épouse aimante et fidèle. Une espèce d'histoire d'amour de roman bon marché qui comporte beaucoup de zones d'ombres pour être tout à fait crédible. Et en supposant que notre jeune ex-mari éploré ait réussi à capter l'attention de beaucoup d'entre nous et qu'il ait bénéficié de notre empathie, qu'aurait-il gagné au bout du compte ? Rien, si ce n'est la risée générale ou la crédulité de quelques gogos. Il y aura bien sûr quelques vautours, des hyènes certainement et beaucoup, beaucoup de voyeurisme à n'en pas douter.
Mais à bien y réfléchir, on se rend compte qu'il aura réussi, non pas à susciter un débat de fond sur les difficultés rencontrées aujourd'hui par les jeunes pour fonder un foyer, sur les contraintes d'une société de plus en plus intolérante, sur l'impossibilité de vivre un amour sain et libre de toute pression sociale ; mais il aura plutôt réussi à intéresser les réseaux sociaux et les médias au point de faire intervenir à la télévision des téléprédicateurs, des mourchidate, des psychologues, des juristes et une cohorte d'éducateurs et de sociologues afin de les entendre y aller de leurs analyses sur une manœuvre de flibustier, même si elle concerne un projet de vie heureuse avorté. L'affaire serait telle importante au point de mobiliser tant de monde et d'en faire le feuilleton de l'été ? Il y a comme un malaise.
Alors essayons de raison garder et posons-nous la question de savoir pourquoi on détourne l'attention générale vers une affaire strictement privée et qui restera toujours privée quels que soient les acteurs ?
Pourquoi on s'intéresse aux affaires de cœur d'un jeune homme qui n'hésite pas à proposer un véritable déballage de ses préoccupations personnelles, rythmé de références à Allah et de « wallah » en rafale, comme pour mieux s'attirer la mansuétude de professionnels de la foi dont il craint les foudres ou dont il attend qu'ils condamnent la jeune épouse qui aurait usurpé les apparences vestimentaires d'une musulmane respectable ? Et quand bien même serait-il sincère et victime d'un véritable guet-apens familial comme il le dit, en vertu de quoi serait-il un cas d'école, et tellement répandu au point de mobiliser les internautes, les médias et les spécialistes ?
Dieu merci, il y a chez nous beaucoup de mariages réussis et notre société n'est ni meilleure ni pire que dans d'autres pays musulmans, et on ne ressent pas pour autant le besoin de les citer comme des contre-exemples, pour l'unique raison qu'ils relèvent de la sphère privée. Le Coran et les hadiths sont suffisamment clairs sur le sujet. Dieu bénit les mariages qui respectent les injonctions et les recommandations coraniques et appelle les époux à régler leurs différends dans la plus grande discrétion et la plus stricte intimité, et à épuiser toutes les solutions qui privilégient la réconciliation et la voie de la sagesse. Porter ces questions sur la voie publique c'est contrevenir à l'esprit de l'islam.
On a même entendu au cours de ces émissions, des accusations portées contre les réseaux sociaux, Facebook et autres moyens de communication moderne. L'Occident et la société occidentale en ont pris plein leur grade parce qu'on a estimé qu'ils étaient coupables d'avoir inventé des instruments sataniques tels qu'Internet et le GPS. On leur reprocherait en quelque sorte de nous obliger à recourir à des technologies qu'ils sont les seuls à avoir créées et à maîtriser alors qu'il nous aurait suffi de créer nos propres outils de communications et d'inventer les antidotes pour contrecarrer leurs manœuvres hostiles afin de nous mettre ainsi à l'abri de ce genre de dépendances.
Bref, cette affaire de couple aura suffi à mobiliser l'attention au point de susciter une interrogation tout à fait légitime, sur de possibles manœuvres organisées pour détourner l'attention de problèmes beaucoup plus graves qui conditionnent notre survie.
Ne serait-il pas plus intéressant d'aborder dans le calme et la sérénité, des questions aussi essentielles que la lutte contre la corruption qui a totalement gangréné le pays ? De quoi aurait-on peur ?
Des initiatives ont été prises par quelques médias téméraires qui, même s'ils sont soupçonnés de manque d'impartialité et même s'ils restent perfectibles, n'en ont pas moins essayé d'élever et de susciter des débats de sociétés. On connaît la suite. Ces innovations ont tourné court à chaque fois, pour des raisons pour le moins incompréhensibles et dans une atmosphère de brutalité inadmissible.
On ne dira jamais assez qu'il faut une véritable volonté politique pour faire le grand nettoyage et pour se consacrer enfin et de manière sérieuse à mettre en pratique les moyens d'éducation nécessaires pour rattraper le retard, se défaire des brebis galeuses et faire émerger enfin les élites dont nous avons terriblement besoin et qui serviront de modèles positifs au service de tout le pays.
On ne le répétera jamais assez : la qualité de l'éducation et l'instauration d'une véritable démocratie sont les seules et incontournables voies pour assurer notre survie. Pour le reste, implorons nos médias de ne pas trop céder aux sirènes de l'Audimat et de ne pas succomber aux succès faciles et à l'imitation échevelée d'un Occident dont ils dénoncent par ailleurs et quotidiennement la corruption morale et l'absence de spiritualité.
Aziz Benyahia
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Source : Algérie Focus
Date : August 01, 2016 at 12:51PM
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