lundi 22 septembre 2014

Je suis une femme et je suis sortie dans la rue à Alger après 20 H

oran femme

Après 20H, une femme peut-elle circuler tranquillement dans les ruelles de la capitale sans se faire importuner, sans être mal vue, sans ressentir tous les regards malveillants peser sur elle ? Pour avoir vécu l’expérience, je crois que la réponse est non. Se balader toute seule à Alger, sans être escortée par un «mâle», est une épreuve douloureuse.
Je parle en connaissance de cause car il y a de cela trois jours, je devais prendre le métro à la station de Hai El Badr pour descendre à la Grande Poste où je devais rencontrer ma cousine, chez qui je m’apprêtais à passer la nuit. Habillée de façon très correcte, robe ample de couleur beige, assortie d’un gilet qui couvrait mes bras, et d'une écharpe. Cheveux noués, gloss très discret sur les lèvres, à peine maquillée. Ma tenue était loin d’être celle d’une nana qui voulait se faire remarquer. Pourtant, il suffit d’être une femme pour que nos hommes remarquent votre présence et vous harcèlent. "Attention, tu vas te faire agresser !" Arrivée à la station de Haï El Badr, je prends mon ticket et je file précipitamment pour ne pas rater le métro qui se trouve déjà à quai. Peine perdue, je n’ai pas été suffisamment rapide. Contrainte d’attendre au niveau de la station, je remarque que j’étais seule. Il n’est pourtant que 19h45. À ce moment-là, je vois arriver un jeune homme portant l’uniforme de policier. Il assure la sécurité au niveau de la station. Arrivé à mon niveau, il me balance, sans aucune hésitation : "Tu n’as pas peur de te balader toute seule à cette heure ? Fais attention, tu risques de te faire agresser". "Ah bon, et vous faites quoi entre-temps vous qui êtes censé assurer ma protection ?", réponds-je ironiquement. "Ben, je ne peux pas me porter garant des autres. On est en Algérie et une femme seule à cette heure, c’est très mal vu et risqué", répond-il. Je rétorque : "Pardon monsieur je ne savais pas qu’en était en Inde ou en Egypte où les femmes peuvent être violées en plein jour. Je croyais qu’à Alger on était plus en sécurité". Le jeune homme décide alors de me rassurer, mais il n’hésite pas à demander mon numéro de téléphone car il me trouve assez jolie fille. "Ta place est à la maison, toi !" Le métro arrive, je l’emprunte, je m’installe et là je constate qu’il n’y a absolument aucune femme. Les deux seules représentantes de la gente féminines, qui sont montées au niveau de la station Amirouche, sont escortées par un mec, tandis que moi je suis seule. Arrivé à l’arrêt El Hamma, un groupe de jeunes adolescents remarque ma présence et se met à me harceler. Même si ces jeunes ne m’ont pas agressée physiquement (Dieu merci !), leurs regards malveillants en disent long. Je me sens mise à nu par leurs regards indiscrets, accusateurs, harceleurs, culpabilisants. Au moment où je m’apprête à descendre, un homme d’un âge mûr qui me draguait tout au long du trajet me dit que je n’ai rien à faire dehors à cette heure si et que ma place est à la maison. Oui, bien sûr, dans la mentalité algérienne, la place d’une femme est enfermée dans une maison à préparer la papote et à s’occuper des enfants. "Tu es une p… A combien tu proposes tes services" Le métro arrive enfin à destination et je descends pour me rendre à la Grande Poste. Là deux mecs m’interpellent me demandant combien j’offre mes services. Ah, franchement là, s’en est trop. Je suis rouge de colère, mais je ne peux pas riposter. Ils ont cru que j’étais une catin à la recherche de clients. Voilà donc comment on perçoit une femme en Algérie, juste parce qu’elle se trouve dans la rue après 20 h. Un autre homme plus loin me demande de ne pas avoir peur, car il a bien vu que je flippais à l’idée de marcher sur le même trottoir que lui. De quelle égalité parle-t-on quand on n’a même pas le droit de sortir se balader dehors ? De quelle égalité parle-t-on quand une femme est considérée comme une p… juste parce qu’elle est sortie dans la rue le soir, sans être accompagnée par un homme ? Une chose est sûre désormais pour moi, la femme n’est pas la bienvenue dans l’espace public en Algérie la nuit. Les hommes ne tolèrent pas encore l’idée qu’une femme puisse aller travailler le soir ou vaquer à ses occupations sans être dérangée ou harcelée.   Nourhane. S.

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Source : Algérie Focus
Date : September 22, 2014 at 01:59PM

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