mardi 29 novembre 2016

Entretien. La hausse du prix du pétrole pour bientôt ?/ Le scepticisme d’un ancien responsable de Sonatrach

Entretien. La hausse du prix du pétrole pour bientôt ?/ Le scepticisme d'un ancien responsable de Sonatrach

Saïd Beghoul est n ancien directeur de la division exploration à Sonatrach. Aujourd'hui, il est consultant indépendant dans le domaine des hydrocarbures. Il décortique pour Algérie-Focus le sommet des pays Opep-hors Opep, qui se tiendra ce mercredi 30 novembre à Vienne (Autriche).

Entretien réalisé par Mehdi Bsikri


 

1-Quelle lecture pouvez-vous présenter suite à la décision de l'Arabie Saoudite de ne pas prendre part à la réunion programmée à Vienne lelundi 28 novembre, prétextant que les pays du cartel doivent d'abord se mettre d'accord avant de rencontrer les pays non-Opep?

Ma première lecture est que l'Arabie Saoudite sait de plus en plus, à mesure que la réunion avance, que la Russie se rétracte. En effet, la Russie vient de dire « niet» à la proposition de l'OPEP aux non-OPEP de réduire leur production de 880 000 barils par jour (b/j) pendant 6 mois à compter du 1er janvier 2017. Lors de la réunion technique d'Istanbul du 10-13 octobre, la Russie s'est intéressée, certes, aux discussions avec les représentants de l'organisation mais n'a pas pris de décision. Le patron de Lukoil ( le plus grand producteur russe de pétrole, ndlr) avait auparavant décliné toute réduction de sa production. En plus, les Russes n'ont que très peu prononcé le mot réduction et le gel serait leur geste maximal et éventuel. Le plan de développement pluriannuel de la Russie risque d'être perturbé en cas de réduction, voire de gel. Donc l'Arabie Saoudite se voyant contrainte à prendre en charge l'essentiel de la coupe OPEP (au moins 500 000 b/j) veut discuter avec le cartel de la nécessité de faire pression sur l'Iraq et l'Iran pour qu'ils acceptent de contribuer par des réductions. Elle cherche peut-être à alléger la coupe proposée aux non-Opep si l'Iraq et l'Iran contribuent avec des coupes compensatrices.

 

2-L'Irak affirme avoir besoin de ressources suite aux efforts pour la prise de Moussoul. L'Iran persiste pour produire afin de fructifier son économie, longtemps sous embargo. Avec ces deux équations, est-ce le scénario de la baisse ou du gel qui va primer ?

Il était question, il y a une semaine, que l'Iran allait accepter une proposition de l'Opep de geler sa production à 3,93 millions b/j, alors que l'Iran voulait atteindre 4 à 4.2 millions b/j d'avant sanctions. Il semblerait que l'Iran a bien réfléchi à la proposition de l'OPEP et il se pourrait qu'il finira par geler sa production à ce niveau mais pas pour plus de 6 mois. Pour l'Iraq, il y a un besoin urgent en matière de payement de ses partenaires du fait de ses contrats de services. Il est possible qu'avec ses dettes envers le FMI d'un montant de 5.3 milliards de dollars comme aide pour combattre l'État islamique, l'Iraq pourrait continuer à demander à être exempté comme la Libye et le Nigéria.

3-Croyez-vous à la réussite de ce sommet Opep-hors Opep?

L'Opep n'a pas intérêt dans un remake de Doha, d'avril dernier. Donc un accord est presque une certitude. Mais un accord ne suffit pas. La réussite ce n'est pas sortir avec un accord mais que ce dernier soit efficace en matière de remontée conséquente et durable des prix. Partant de ce principe, je pense que le marché va réagir positivement mais pas pour longtemps car la prétendue réduction va être compensée par les producteurs non-Opep et aussi par ceux de l'Opep exemptés, la Libye, le Nigéria, voire l'Iraq et l'Iran. D'ici 2 ou 3 mois, le marché risque de revenir à la case départ. Auquel cas la réunion n'aura pas été une réussite.

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Source : Algérie Focus
Date : November 29, 2016 at 01:22PM

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