dimanche 5 mars 2017

Nous voulons des députés, des vrais, et non pas des pillards et des charognards Par Abdou Semmar

Notre économie, qui dépend totalement des fluctuations du baril de pétrole, nous donne quotidiennement des signes d'inquiétude de plus en plus alarmants. Et quand de surcroît, on apprend que 45% de l'activité commerciale se niche dans l'Informel on est tout simplement sidéré. On devine qu'en haut-lieu, on vient enfin de comprendre qu'il faut changer de logiciel, mais on ne peut aller plus vite que la musique.

Cette fois encore, les élections législatives vont avoir lieu dans la plus grande opacité et il n'y a pas lieu d'y voir bon augure car les pillards et les charognards ne dorment que d'un seul œil.

Et pourtant Dieu sait qu'on a laissé le temps au temps ; le temps de trouver et de former le personnel qualifié pour mener à bien tout un train de réformes. On s'attend, dans ces conditions à l'ouverture d'un vaste débat national qui transcende les partis politiques et qui débouche sur des décisions fermes et un programme consensuel, intelligent et mobilisateur dans le choix des représentants du peuple dans les deux chambres.

 

Ce débat aura-t-lieu ? C'est notre vœu le plus cher

 

Rien de tout cela hélas pour l'instant. Pire encore, les journaux et les médias bruissent de tractations, d'habillages, de combines, bref de tout les remugles dont le peuple en général et les électeurs en particulier ne supportent plus l'odeur fétide et nauséabonde. Les officines et les cénacles sont vent debout depuis quelques mois en préparation des élections législatives et sénatoriales. C'est à qui arrive à placer son fils, son frère, son cousin, son allié. Autant dire que la bataille est féroce et qu'aucun clan ne voudra faire de prisonniers. Ne survivront que les puissants car la manne financière et par conséquent, le pouvoir sont à ce prix. Les partants s'accrochent, les prétendants se bousculent et personne ne veut céder de ses ambitions.

Et le peuple dans tout ça ?

Toute cette dramaturgie dans quel but ?

Elire les représentants du peuple ? La belle affaire !

 

Il a fallu le hasard d'un micro-trottoir, il y a quelques mois pour découvrir que nous avions le personnel politique le plus ignare du continent, au point que nos députés et nos sénateurs dans leur grande majorité ne maîtrisent aucune langue, pas plus qu'ils ne sont préoccupés par l'évolution du monde.

 

Aujourd'hui c'est le bal des prétendants à l'immunité parlementaire et aux avantages matériels indécents. Quelques uns se risquent même à parler démocratie, représentativité, progrès, éducation, santé etc… pour donner un semblant de légitimité à leurs ambitions politiques.

 

Qu'on ne se méprenne pas ! Seule la volonté de puissance les anime. Mais celle-ci n'est pas illégitime en soi, tant qu'elle se met au service de l'intérêt collectif. Or c'est là où le bât blesse. Sauf quelques exceptions notoires, aucune législature n'a laissé trace de représentants du peuple dénonçant les abus et appelant à défendre les idéaux de la révolution de Novembre et les intérêts des gens du peuple, des petites gens, des paysans et des plus démunis d'entre nous. Au point que si on interroge les jeunes pour savoir à quoi sert un député ils vous répondront à avoir un salaire mirobolant, une voiture et du piston pour la famille, les amis et les alliés.

 

On sait qu'il est impossible de changer les choses de fond en comble, du jour au lendemain, mais on sait aussi qu'on peut y arriver à force de volonté et de détermination. Il ne s'agit pas d'un vœu pieux car l'heure est grave.

 

Nos jeunes doivent se mobiliser pour changer les choses puisqu'il s'agit de leur avenir. Qu'ils exigent par exemple l'instauration d'une espèce de nuit du 4 août à nous, comme celle de la Révolution française, pour abolir les privilèges des parlementaires, à commencer par la levée de leur immunité, la réduction drastique de leurs privilèges matériels et que leur soit imposée une obligation de résultats suivie d'une évaluation à l'issue de chaque session annuelle. Cela sèmera le doute au bal des prétendants et fera réfléchir dans les états-majors des partis traditionnels.

 

Faisons un rêve après tout et laissons-nous aller à imaginer, un vrai parlement, avec de vrais représentants du peuples, chargés d'écrire les lois, de débattre, de proposer et de s'engager devant la nation à qui ils doivent rendre des comptes à tout moment. Une poignée de nos aînés, qui n'avaient pas trente ans, avaient décidé d'aller jusqu'au bout de leur rêve. Ce fut novembre 54. On connaît la suite, même si elle est moins glorieuse aujourd'hui.

 

C'est aux jeunes à nettoyer les écuries d'Augias, à donner autant de cous de pieds nécessaires dans la fourmilière jusqu'à ce qu'on puisse passer aux choses sérieuses et nous dire que nous avons enfin ouvert pour toujours, les portes de la démocratie et de la justice.

Abdou Semmar

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Source : Algérie Focus
Date : March 05, 2017 at 01:23PM

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